page rédigée par Philippe
Une destination culturellement très riche à bien des égards, Cuba fait partie de nos coups de cœur.
Cuba est notre premier grand voyage, et pas n’importe lequel puisque c’est notre voyage de noces. Un séjour de 2 semaines en 2012 pour lequel nous avons été accompagné par une guide tout le long et cela a grandement participé à la qualité de nos découvertes.
Un voyage à Cuba est très riche pour de nombreuses raisons :
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Pour la culture, entre la salsa à tous les coins de rue, la culture du café, du tabac (cigares), les cocktails à base de rhum, mais aussi l’architecture ou encore le métissage dans lequel on s’est senti pleinement intégré, vous pouvez voir à Cuba des personnes à la peau noire avec des cheveux roux et les yeux bleu ;-)
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Pour les paysages, on nous vend souvent Cuba pour ses vieilles voitures dans La Havane, mais Cuba c’est tellement plus que ça ! Des plages parmi les plus belles des caraïbes, des plaines de terres rouges avec des formations rocheuses sorties de nulle part, des milliers de petites iles (Cayo), parfois désertes, que vous pouvez rejoindre en bateau, des villes coloniales ou encore des forêts tropicales en altitude.
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Pour l’histoire, Cuba est une terre qui a connu l’esclavage, la révolution mais aussi l’embargo américain, et ces évènements historiques imprègnent la culture et les paysages du pays.
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Pour le communisme, notre guide nous a expliquer le rapport à la vie en collectivité que cela impose et cela est tellement éloigné de nos sociétés qu’il en est assez déstabilisant.
Infos pratiques
Hola !
Langue
Espagnol
Monnaie
Peso convertible
Fuseau
- 6 heures
Taille
11 millions d'habitants
1/6e de la France
Sachez que Cuba a quelque peu changé depuis notre séjour, notamment le rapport aux produits américains qui étaient inexistants en 2012 et pour lequel l’embargo s’est quelque peu assoupli depuis. Sûrement une bonne chose pour le pays, mais y trouver du Coca Cola dans les restaurants le rend probablement un peu moins authentique.
Autre détail général, il y a 2 monnaies à Cuba : le peso cubain qui est réservé aux cubains et le peso convertible (CUC) destiné aux touristes. Les prix affichés sont uniques mais la valeur n’est pas la même, 1 CUC équivaut environ à 26,5 pesos cubain. C’est assez transparent dans le sens où si un service vaut 10 CUC, vous payez 10 (un cubain paiera 10 en peso cubain) ce qui permet aux cubains dont les revenus sont très faibles d’acheter les mêmes produits. Le tourisme est donc très bénéfique pour l’économie du pays.
On vous livre ici nos explorations, nos expériences et nos ressentis !
La Havane
La Havane, située au nord de lîle, est la carte postale de Cuba, une étape obligatoire si vous arrivez par les airs, même si on peut aussi atterrir à Santiago de Cuba, au sud de l’île. Une ville à découvrir surtout pour son architecture, ses musées et son ambiance, mais ce n’est clairement pas ce que l’on a préféré sur l’ile et il serait vraiment dommage de visiter Cuba en se contentant uniquement de cette ville mythique, ce que certains touristes font en séjournant à Varadero (une presqu’ile où se retrouvent les touristes en clubs all inclusive) et s’organisent une excursion à La Havane. Désolé mais à mon sens ils passent complètement à côté de Cuba.
Classée au Patrimoine mondial de l’UNESCO, Le centre-ville notamment de La Havane est très agréable à sillonner à pied, au milieu de ses vieilles pierres. Certains bâtiments sont restaurés, mais beaucoup sont encore dans leur jus. On a apprécié la salsa omniprésente, des musiciens dans les rues, dans les bars, dans les restaurants, et qui reste agréable même dans la durée. Vous pouvez même entrer dans le fameux Buena Vista Social Club ou dans d’autres bars ou des musiciens sont en représentation et en interaction avec le public qui parfois déborde dans la rue et apprécient la musique en tendant l’oreille à travers les barreaux des fenêtres. N’hésitez pas à vous perdre dans la vieille ville et à vous laisser emporter par l’ambiance qui y règne.
L’art est très présent dans la vieille ville, vous trouverez des bâtiments imposants par leur architecture ou encore des monuments et sculptures que Cuba s’est vu offrir. Ne manquez le magnifique Capitole qui a des airs de celui de Washington, la Vieille Place joliment rénovée (pas entièrement en 2012) et pleine de vie avec ses cafés et restaurants, la Place d’Armes, la Cathédrale San Cristobal ou encore le Grand Théatre. Il y a tellement de choses à voir que nous ne les avons évidemment pas tous fait ;-) Nous vous invitons à déambuler au hasard dans les rues de la vieille ville pour le charme et l’ambiance qui y règne (musique, travaux de rénovation, classe d’enfant dans la rue, etc.)
Nous avons visité le musée Havana Club qui était intéressant pour découvrir l’histoire de la canne à sucre, que je vous invite à déguster en jus fraichement pressé ;-) Sachez qu’Havana Club n’a rien de cubain dans son actionnariat puisque cela appartient à Pernaud Ricard depuis bien longtemps… c’est donc Français !
Un peu plus à l’écart du centre historique, vous pouvez sillonner le fameux Malecon en bord de mer, perso je ne comprends pourquoi on en parle autant… Il est plus intéressant de traverser la baie pour visiter le Fort El Morro qui semble garder un œil sur La Havane depuis les rives, un lieu historique où étaient enfermés les esclaves, ou encore se rendre à la Place de la Révolution qui surprend par son immensité et vous trouverez d’immense portraits de Che Guevara et Camilo Cienfuegos.
Nous ne sommes restés que 2 jours à La Havane et en ce qui nous concerne cela nous a amplement suffit, je dirais même que nous avions hâte de partir car il très fréquent d’être arrêté par des personnes dans la rue qui vous réclament de l’argent et peuvent insister pendant 5 minutes, mêmes des policiers ! C’est pour nous un vrai point noir de la capitale cubaine.
Pour finir, les vieilles voitures américaines à La Havane sont une réalité, on en voit beaucoup en plus ou moins bon état. Les raisons sont politiques, notre guide nous expliquait que les voitures modernes produites sur le territoire étaient réservées aux fonctionnaires (ce qui peut représenter 50% de la population). Les citoyens non fonctionnaires, ne pouvant donc pas acheter de voitures neuves, doivent entretenir les anciens véhicules, et comme l’embargo américain a débuté en 1962 et bien l’automobile est resté bloqué au début des années 60. Certaines voitures sont très bien entretenues et cela est un plaisir pour les yeux d’autant plus qu’elles sont très colorées, je me souviens en avoir vue une noire (plutôt à la mode chez nous) et avoir eu le sentiment de voir un corbillard, comme quoi nos propres goûts peuvent évoluer selon le contexte, c’est aussi ça qui nous plait dans le voyage ;-).
Pinar Del Rio
On quitte la capitale en direction du nord de l’île dans la région de Pinar del Rio. 180km avalés et on découvre une toute autre facette de Cuba, des paysages à perte de vue, une terre rouge (riche en métaux) et verdoyante, des formations rocheuses surprenantes, comme des petites montagnes parsemées dans la vallée, en font un vrai spectacle pour les yeux.
Cette terre rouge est particulièrement fertile et propice à la culture du tabac et de la canne à sucre. Nous avions prévu de visiter un atelier de fabrication des cigares, malheureusement 1 semaine avant notre arrivée, le gouvernement a décidé de fermer l’accès aux touristes à ces établissements, les raisons ne nous ont pas été communiquées, on s’est alors fait notre propre avis. A la place nous avons visité une ferme et découvert le séchage du tabac et donc la matière première permettant la fabrication du fameux cigare cubain, aucun regret c’était très intéressant !
Nous avons dormi dans la charmante petite ville de Viñales mais l’attrait de la région réside dans son environnement naturel que vous pouvez faire à vélo ou à cheval, nous n’avons pas fait cette expérience mais des amis l’ont fait et en ont été ravis pour découvrir les lieux sous un autre angle. Dans ce décor surprenant on peut citer le Mur de la Préhistoire, une fresque monumentale peinte sur une falaise. A son pied vous pouvez déguster une Pina Colada (vendue comme la meilleure de Cuba ;-), il n’en est pas moins qu’elle a été la meilleure que l’on ai bu. Autre visite incontournable de la région : la Grotte de l’indien ! Elle se visite en bateau, l’expérience est très sympa.
On vous recommande cette région du nord de Cuba, elle en vaut le détour ;-)
Le communisme
Le trajet pour nous rendre dans cette région a été l’occasion d’échanger avec notre guide sur les conditions de vie dans un pays communiste, et quelle surprise que d’en découvrir les contours ! Elle nous a expliqué que de nombreux cubains, comme ses parents qu’elle a pris en exemple qui vivent dans la région où nous nous rendons, sont des agriculteurs. Contrairement à nos sociétés libérales, les agriculteurs louent les exploitations agricoles au gouvernement qui en a la propriété, les murs, le matériel mais également les animaux qu’ils exploitent. Les recettes de l’exploitation agricole reviennent au gouvernement, leurs exploitants (les agriculteurs) n’en gardent que 10 %, c’est très peu.
Globalement c’est le principe applicable à beaucoup d’activités économiques (en 2012), ce qui explique globalement la pauvreté des cubains. Notre guide nous indiquait que même les pourboires qu’on lui versait dans le cadre de son activité, elle n’en gardait que 10 %.
Je lui ai alors posé la question suivante : lui ai-t-il déjà venu à l’esprit de ne pas déclarer un pourboire dans la mesure où il est donné sans traçabilité ? Sa réponse fut très sincère et inattendue pour moi : Non, l’argent que je gagne ce n’est pas pour moi mais pour la collectivité. On touche ici au principe même et aux valeurs du communisme. Toujours est-il qu’un changement de société ne se fera pas sur le temps court car les codes sociaux sont très éloignés des autres et c’est intéressant de le découvrir.
En contrepartie, ce régime offre des avantages non négligeables comme l’éducation, la santé et une certaine sécurité (un toit), des principes vitaux pour une société :
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Une éducation 100 % gratuite jusqu’au plus hauts niveaux, avec une prise en charge des repas du midi pour éviter qu’un enfant aille travailler pour se nourrir. Vous avez peut-être déjà constater, par exemple, que des chirurgiens cubains font partie des meilleurs au monde.
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Une santé 100 % gratuite, pour les soins, les médicaments ou encore les congés maternité pris en charge sur une durée d’un an.
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Une carte de rationnement alimentaire, qui ne permet pas de se nourrir mais apporte une aide non négligeable.
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Un toit pour les familles qui n’auraient pas les moyens d’en disposer.
Cela est remarquable, néanmoins, les cubains ne disposent de rien d’autre et d’aucun moyen pour subvenir à d’autres besoins. Ils sont au service du bien commun.
La côte Caribéenne
Nous avons longé la côte caribéenne avec une première étape à Cienfuegos, une ville coloniale plutôt récente et très bien entretenue qui lui vaut le titre de « perle du sud » (même si on est encore dans la moitié nord de l’île ;-). Située dans l’une des plus belles baies de Cuba, c’est la troisième ville après La Havane et Trinidad à avoir reçu les honneurs de l’UNESO, et il faut admettre que son centre est très beau (Place centrale Parque José Marti), les bâtiments sont très bien préservés, à l’instar du magnifique Teatro Tomas Terry (extérieur comme intérieur), plus que dans les autres villes que nous avons visitées. C’est donc un plaisir pour les yeux, peut-être un peu moins authentique néanmoins. Nous n’y sommes restés qu’une demi-journée, je ne pourrais donc détailler plus.
Nous nous sommes ensuite rendu à Trinidad où nous avons posé nos valises pour 2 nuits. C’est pour nous la plus belle ville que nous ayons visitée, par son caractère et son authenticité qui nous projette dans des temps anciens. Comme un peu partout à Cuba, plusieurs bâtiments sont délabrés et une partie restaurée. L’architecture de l’époque coloniale lui attribue un vrai cachet avec ses rues pavées, ses barreaux aux fenêtres typique de Trinidad dont certains sont très jolis, ses vieilles voitures circulant parmi les chevaux tractant des charrettes en bois. L’ambiance est moins électrique qu’à la Havane, on peut déambuler paisiblement dans les rues et découvrir des boutiques d’artistes et des artisans à l’œuvre.
Nous y avons acheté une peinture qui orne notre salon depuis 2012, et cela nous a valu une surprise à l’aéroport car l’exportation d’œuvre d’arts (même sans grande valeur) est réglementée. Nous gardions la toile enroulée à la main pour ne pas l’abimer dans la valise et un agent de la douane l’ayant vu nous a emmener dans son bureau pour un contrôle (petit coup de stress quand même parce qu’on ne savait pas pourquoi il nous convoquait). Après avoir justifié notre achat, nous avons dû payer une « taxe » pour sortir l’œuvre du territoire cubain, heureusement on avait encore quelques pesos avec nous, dans le cas contraire l’œuvre nous aurait été confisquée.
A Trinidad, nous avons dégusté une spécialité locale dans une taverne qui porte son nom : la Canchanchara, à base d’eau de vie, de miel et de citron. A découvrir sur fond musical de salsa bien sûr ;-)
Ici nous avons retrouvé une forme de mendicité mais qui était courtoise et non insistante, principalement des femmes d'un certain âge. Nous ne comprenions pas ce qu'elles nous demandaient, quel dommage. On nous a expliqué plus tard qu'elles souhaitaient que l'on sorte les mini shampooing et savon mis à disposition dans l'hôtel. Ce sont des produits que l'on paye dans la prestation et dont on ne se sert pas, si nous avions compris nous l'aurions fait sans hésiter.
A l’extérieur de la ville, nous avons visité un ancien domaine colonial rappelant le passé esclavagiste de cette île, El Mirador del Valle de los Ingenios. Une demeure ostentatoire pour l’époque avec une tour de 7 étages (une prouesse à cette période), entourée de champs de canne à sucre qui n’est pas sans rappeler les champs de coton que l’on peut voir dans les documentaires et les films. Notre guide nous racontait avec humour que le pressoir tournait à l’époque à la force des esclaves, puis à la force des chevaux et qu’aujourd’hui ce sont les touristes qui les font tourner (pour se rendre compte ;-).
Après une nuit sur les hauteurs de Trinidad quelque peu dépaysante, on se serait cru à Jurassique Parc tellement la faune était vivante toute la nuit, nous avons pris le large à bord d’un catamaran pour nous rendre sur une île déserte nommée Cayo Iguana (île des iguanes). Une excursion paradisiaque entourée d’eaux turquoises à 28°C, de cocotier, de sable blanc, d’iguanes curieux mais inoffensifs. Les matelots nous préparent un barbecue que l’on mange sur une table de fortune installée sur la plage. Une superbe expérience !
Les voyages
Cette excursion nous a encore appris des choses sur les conditions de vie des cubains. Notre guide nous a indiqué à l’approche qu’elle ne nous accompagnerait pas sur l’île car les Cubains ont interdiction de mettre un pied dans un port, le gouvernement ayant peur qu’ils fuient vers la Jamaïque ou la République Dominicaine. Cette privation de liberté concerne globalement les voyages, jusqu’en 2010 ou 2011 les citoyens n’avaient pas de passeport, c’est aujourd’hui le cas mais comme nous indiquait notre guide, ils n’ont de toute façon pas les moyens de se payer des billets. Les Cubains que l’on voyait à l’étranger sont en représentation de l’État, notamment les artistes et sportifs.
Face à cette situation, nous (et d’autres touristes) avons souhaité prendre la responsabilité de l’emmener avec nous sur l’île. Malgré que le personnel sur le port était militaire, notre requête a été acceptée et nous avons pu voir toute l’émotion qui se dégageait de notre guide, qui est restée à l’écart durant l’excursion, méditative sur l’île, probablement marquée par le fait d’avoir quitté son île pour la première fois de sa vie.
La région Centre
Après une journée bleue turquoise, nous avons troqué nos maillots de bain et revêtue ce que nous avions sous la main pour affronter la fraicheur (18°C) des forêts tropicales à 800m d’altitude, on passe au vert ! Pour s’y rendre, on grimpe dans de vieux camions militaires Russes, visiblement increvable même si parfois on s’est demandé s’il surmonterait l’ascension du chemin se trouvant face à lui, pas toujours en bon état. Derrière nous, une fumée noire, signe d’un effort considérable des machines sous nos pieds associés à des sons stridents des freins qu’on espère fiable !
Cela en vaut la peine, la randonnée de 3h en forêt avec un guide faune et flore fut géniale. La végétation est luxuriante et nous avons beaucoup appris des usages que nous pouvions faire des plantes, notamment médicinales, avec beaucoup d’humour de notre guide. Nous avons découvert une plantation de café et les étapes de torréfaction, observé divers animaux, dont un colibri, contemplé une cascade et longé une rivière donnant sur de superbes bassins particulièrement revigorants (elle est très fraiche, il est dit qu’on gagne 10 ans en s’y baignant ;-). Une journée très riche !!
Après une nuit en altitude, nous avons pris la route pour la côte atlantique en faisant une halte à Santa Clara, ville connue pour ses monuments historiques mais aussi parce qu’on y trouve le mausolée de Che Guevara. Ce lieu de sépulture héberge également un musée sur l’histoire du révolutionnaire, sa personnalité et son combat à travers l’Amérique latine et l’Afrique. Une découverte intéressante de ce personnage mythique à travers le monde.
Notre séjour s’est terminé par 5 jours sur le cayo Santa Maria qui est l’un des seuls à être accessible par la route, dans un complexe hôtelier qui n’est pas dans nos habitudes, un all inclusive avec piscines, restaurants et plage privée. On voulait finir notre voyage de noces dans un cadre reposant. Ce qui a été plaisant fut d’être très peu nombreux et de disposer des espaces à notre guise. Il est à souligner que la côte atlantique que nous avons découvert est moins idyllique que la côte caribéenne, avec une mer plus agitée et plus froide. Elle n’en est pas moins appréciable avec de belles plages sauvages ;-)
Notre séjour s’est arrêté là, nous n’avons pas exploré la partie sud de l’île. Retour à La Havane pour prendre l’avion avec de magnifiques souvenirs en tête, la découverte d’une société et d’un fonctionnement éloigné de ce qu’on connaît et une culture tellement riche… Quand j’écoute Buena Vista Social Club encore aujourd’hui, mon esprit se projette à Cuba et j’en ressent beaucoup de plaisir, c’est dire combien la culture cubaine nous imprègne fortement.